Après mon boulot, hier soir, j'ai erré dans une grande librairie, parce que je m'ennuyais et puis parce que j'aime bien les bouquins, et puis je suis tombée sur un petit livre: "CASSE-TOI !", avec en fond un très joli drapeau arc-en ciel.
Ce symbole étant celui de la communauté gay, vous l'aurez peut-être compris, je viens ici parler d'un sujet qui me tient à coeur: l'homophobie.
Bon. Je ne pense pas qu'il soit très nécessaire de vous expliquer en quoi cela consiste, c'est le genre de choses que l'on n'ignore pas. Ce qu'on ignore trop souvent en revanche, c'est l'ampleur de ce phénomène et les conséquences terribles qu'il engendre.
Je peux difficilement en parler de manière personnelle, puisque je n'ai pas eu la malchance de vivre de nombreuses mauvaises expériences. A mon échelle, je peux vous parler des regards biaiseux dans la rue, ou des réflexions douteuses ("non, mais, c'est une maladie, hein, franchement c'est pas normal". MAIS ! Ce n'est pas grave ! Puisque "Non mais ça me dérange pas hein, tu fais ce que tu veux, j'ai rien contre ! Mais c'est une maladie, quoi".
Je pourrais aussi reprendre l'exemple de ce petit chrétien d'à peine dix-huit ans (je sais j'en ai déjà parlé, mais bite, c'est mon blog, j'ai le droit de me répéter) venu nous voir dans le métro, en nous demandant d'une manière extrêmement polie (ce qui contraste pas mal avec le contenu de sa question): "Excusez-moi de vous importuner, mais savez-vous ce que dit la Bible au sujet de l'homosexualité ?" (hésitant entre l'écarteler et le pousser accidentellement sous un wagon, nous avons préféré quitter les lieux en limitant la violence autant que possible, car la violence ne règle pas tout il est bon de le rappeler, même si des fois ça aide).
C'est tout pour mon expérience personnelle, comme expliqué plus haut je n'ai aucun incident grave à déplorer, fort heureusement pour ma personne je vis dans un entourage ouvert et pas trop craignos.
Ce qui n'est pas le cas de nombreuses personnes, comme en témoigne ce fameux bouquin cité plus haut, "CASSE-TOI", qui rassemble les témoignages de jeunes gays/lesbiennes, la plupart expulsés de chez eux avec fracas pour leurs préférences amoureuses / sexuelles, par leur propre famille ! La suite est classique, ces expulsions se soldent généralement par une recrudescence de nouvelles têtes chez les baby tramps (j'appelerai ainsi tous les SDF qui ont limite encore une tétine dans la bouche), et une prostitution précoce, filles comme garçons. L'ensemble ayant de fortes probabilités d'augmenter le taux de suicide chez les jeunes.
Fort heureusement, à Montpellier, le Refuge voit le jour en 2003. Comme son nom l'indique, la vocation de cette association est d'offrir un hébergement temporaire et un soutien aux jeunes victimes d'homophobie et de transphobie. Depuis, quatre autres délégations ont vu le jour à Paris, Lyon, Marseille et Toulouse. De la même manière, les centres LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transexuels) oeuvrent pour aider les jeunes homosexuels en proposant des séances d'écoutes, des expositions, de la documentation à destination des jeunes et de leurs parents, ou des écoles, ...
La communication et l'acceptation dans ce domaine sont en net progrès depuis une trentaine d'années, ça c'est un fait.
Seulement, et on l'aura constaté récemment avec les programmes politiques, et encore plus récemment avec ce fameux 15 août et la prière anti-gay "implicite" de nos amis chrétiens, nombreux sont ceux qui s'opposent encore au mariage gay, et nombreux sont ceux qui justifient leur avis par la volonté de conserver les valeurs traditionnelles du mariage.
Soit. Ce n'est pas que j'ai franchement envie de me marier, vu que ça semble désormais être le chemin le plus sûr et le plus court vers le divorce. Ce n'est pas que je veuille pouvoir choisir de me marier. C'est plutôt que comme beaucoup, je veux pouvoir choisir de ne pas me marier. La nuance, c'est qu'aujourd'hui, je n'ai pas le choix.
Par ailleurs, ça me parait indéniable que refuser le mariage aux homosexuels, c'est refuser de les considérer comme des personnes lambda.
Enfin, j'ajouterai que vouloir conserver les valeurs traditionnelles du mariage, c'est bien beau. Attends, c'est quoi déjà ces valeurs traditionnelles ?
"Promettez-vous à votre femme / votre mari de l'aimer, de la / le respecter et de la / le protéger..."
Mmmmouais...
"... de vivre avec elle / lui dans la vérité, de lui demeurer attaché(e) dans les bons et les mauvais jours (ça veut dire tout le temps, les gars, pas juste quand ça vous arrange), dans la prospérité et la détresse, dans la santé et la maladie...
Mmmmfffbof...
"... et de lui rester fidèle jusqu'à ce que la mort vous sépare ?"
WHAHAHAHAHAHAH, pardonnez-moi mais je ris.
"En conséquence de vos déclarations et de vos promesses, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, vous êtes unis par les liens indissolubles du mariage et nous implorons la bénédiction blabla blabla blablabla" (ils ne disent pas réellement blablabla, hein.).
COMBIEN de couples sur cette Terre respectent ces principes à la lettre, hein combien ?
Nous serons donc d'accord pour dire qu'aujourd'hui le mariage ce n'est plus ni très religieux, ni très solennel, ni très rien de ce que c'était à la base de la base; c'est surtout un bon gros moyen de faire la fête en blanc, d'avoir une bague et de manger des gâteaux, de s'assurer une sécurité matérielle et accessoirement de changer sa situation amoureuse sur Facebook (ça fait engagé dans la vie).
Donc l'excuse "conserver les valeurs traditionnelles du mariage" n'en est pas une.
Je ne prétends pas résoudre tous les problèmes qui tournent autour de ce sujet, mais j'avais franchement envie d'écrire un article à propos.
En attendant, voilà toujours le lien du site du Refuge pour ceux que ça intéresse.