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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 02:17

 

 

     2H00 du matin. Heure propice aux divagations, ce n'est plus à prouver, je ne vous apprends rien, et vous êtes à cet instant en droit de penser: "si c'est pour nous servir ce genre de tirade emobaudelairienne de suicido-dépressif poète de Médeux, tu aurais mieux fait de garder la tête dans tes animations et dans les croquettes de ton chat; en un mot: il ne fallait pas venir nous emmerder avec tes histoires".

Mais comme je nourris le secret espoir d'étayer un peu cette affirmation populaire dans la suite de mon propos, vous seriez bien adorables de me laisser cette opportunité. Asseyez-vous confortablement, restez debout pour ceux qui préfèrent, mais quoi qu'il en soit tenez-vous la main et tentez de ne pas vous égarer dans le nuage de poussière qui a envahi les tréfonds de mon blog cette année durant laquelle je n'ai absolument rien posté.

 

 

A deux heures du matin donc, on pense, et souvent à des trucs idiots. Mais au milieu de toutes ces questions inutiles ("est-ce j'ai bien pensé à racheter du papier aluminium chromé recyclable double épaisseur ?", "La langue, finalement, c'est bien dans le sens inverse des aiguilles d'une montre ?", "si "pré" est un préfixe qui signifie "devant", et sachant qu'on appelle la peau autour du gland un prépuce, cela signifie-t-il qu'on nomme aussi le gland "puce" ?"), certaines passent la frontière des interrogations futiles et s'élèvent au rang de questionnement potentiellement intéressant.

Bien souvent, on arrive alors dans la zone dite de la Remise en Question Existentielle (RQE), dont la porte d'entrée devrait, si le monde était honnête, être ornée de ces mots: "Zone à risque, vous y serez seul, démuni, sans personne pour vous rassurer ou vous tirer de vos élucubrations, avec un fort risque de vous abandonner à la dépression nocturne, celle qui consiste à fixer intensément son plafond en soupirant et en priant pour dormir vite, vite, VITE."

 

Mais bien entendu, malgré tous les dangers de la zone RQE, que vous connaissez par coeur tant vous avez longé ses frontières, pénétré ses terres et exploré ses ravins, vous y entrerez quand même. Un peu comme quand on vous demande si vous voulez manger mexicain, et que vous répondez oui, même si les cent douze fois précédentes vos repas exotiques se sont soldés par un abonnement renouvelable au Smecta.

Vous y entrerez, donc, avec l'espoir secret de comprendre un tas de choses intéressantes sur vous, de solutionner vos quelques petits problèmes, de résoudre enfin ces schémas dans lesquels vous retombez tous le temps; peut-être juste, en fait, cherchez-vous le moyen de grandir. Vous fouillerez dans vos souvenirs, revivant toutes ces situations qui vous ont marqué plus sûrement qu'au fer rouge, interrogeant en pensée votre famille, vos exs et vos amis, ceux qui vous ont connu mieux que personne, qui ont vu vos défauts et vos traumas, qui vous ont mis le nez dedans et vous ont aidé à grandir. Vous chercherez des réponses à des questions que vous ne savez même pas poser, vous vous torturerez l'esprit pour, quoi en fait ? Le plaisir masochiste d'inventer des soucis quand il n'y a pas à se plaindre ? L'impression grandissante de donner de la profondeur à sa vie ? Combler votre âme de matheux qui n'en a pas assez de résoudre des problèmes la journée ?

 

Le pire, peut-être, c'est de s'apercevoir que tout ça est très chiant, pas pour vous mais pour les autres, ceux qui vous répondront toujours "mais quel besoin tu as toujours eu de te compliquer la vie pour rien, oublie tout ça bordel, viens prendre une cuite et mater TF1". On se visualise en mamie Mireille qui saoule toujours tout le monde aux repas de famille avec son chien "qui a une diarrhée permanente et je comprends pas pourquoi", ou encore en tous ces gamins chiants qui viennent tirer ta jambe de pantalon en braillant "eh oh eh t'as vu eh eh eh dis eh je me suis coupé avec une feuille eh dis eh eh t'as vu eh". Personne n'a envie d'être chiant. Etre chiant c'est prendre le risque de ne pas être bien accepté socialement, et pire, être triste c'est potentiellement être montré du doigt de loin, "t'as vu lui, il a des problèmes dans sa tête", et les gens qui sont tristes, personne n'a envie de leur compagnie, parce qu'elle est triste, elle aussi.

 

 

Alors on essaie de dormir, parce que c'est chiant d'avoir des problèmes nuls (cette phrase a tout à fait sa place au palmarès des formules toutes faites telles que "ça fait du bien de manger" ou "on est bien, au chaud", je ne vois pas qui peut contester cette affirmation, à part peut-être un poulet dans un four, et encore)). On remet à plus tard, on se persuade que ça ne compte pas, que c'est de la branlette psychologique. Mais les questionnements, à la façon des morpions, c'est tenace. Et puis ca vous accompagne partout et se rappelle à vous, comme un enfant, ou plutôt une mauvaise grippe (entre nous, franchement, y a-t-il des "bonnes" grippes ?) : dans votre lit, le matin dans le bus, le midi à la cantine, en soirée dans l'alcool et j'en passe.

Une grippe (ou un enfant, voyez ce qui vous parle le mieux), ça ne disparaît pas quand on l'ignore (enfin, pour les enfants, au final, j'en sais trop rien). Alors, n'ayons plus crainte de nous enfoncer dans les eaux troubles de la zone RQE. Prenons le risque d'être jugé, moqué, fui, étiqueté "relou", crucifié sur l'autel des "pas marrant". Tentons par dessus tout de répondre à nos propres questions, d'écouter nos doutes, d'affronter nos remises en question, en gardant l'espoir de grandir. Car être épanoui, serait-ce seul dans sa tête, vaudra toujours mieux, à mon sens, qu'un sourire feint au milieu d'une foule de gens.

 

 

 

Personnellement, j'ai enfin sommeil.

 

 

 

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l'esprit !

 

 

 

 

 

 

 

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