Outre le fait que je poste peu / rarement / jamais et que pour cela j'éprouve le besoin urgent de noyer mon âme dans de l'urine de chamois pour me punir; outre le fait que j'ai cassé un oeuf dans mon sac de courses en les faisant et que ça a tout taché; outre le fait que je rentre de vacances et que je sois accueillie par un partiel imprévu en première heure: il y a une chose qui m'indigne plus que tout ça réuni. Je veux parler ici de... Non. En fait je ne vais pas le dire immédiatement, de peur de vous voir fuir à toute jambes en braillant que je suis une relou vieux jeu qui n'a rien compris au monde moderne.
Alors je vais amener le sujet doucement.
Je prends le métro, car j'ai un rendez-vous et je suis en retard, mais c'est un détail donc en fait, on s'en fout, je me retrouve collée à tous plein de gens (mélange de sueur, tout ça), sûrement tous en retard également, étant donné l'ambiance crispée environnante (mais je parlerai dans un autre article de ce lieu tout simplement vide de toute trace de joie qu'est le métro).
Au bout d'un moment, ô joie, je trouve une place assise, je m'effondre et pour occuper mon temps, décide d'observer ce qui m'entoure (on pourrait appeler ça un début d'étude sociologique, mais en fait c'est juste une recherche d'inspiration).
A commencer par la petite fille de sept ans qui est assise en face de moi, avec son petit frère à côté. Les deux gamins se taquinent, se chamaillent, ils se racontent des blagues, tout ça, c'est trop mignon-choupi ! Non je déconne, en fait la gamine a les yeux rivés sur l'Ipad qu'elle tient entre ses mains et le deuxième la regarde jouer. Et c'est pas du tout mignon-choupi.
Normal non ? Bah ouais. Aujourd'hui, à l'heure actuelle, là tout de suite, ouais. C'est normal d'avoir sept ans et un Ipad.
A trois ans tu joues à la DS, à sept tu passes tes journées devant ta play et tu connais chaque réplique de GTA, même les insultes et les cris de jouissance de prostituées que ton personnage fréquente assidument, dans le jeu c'est permis alors pourquoi s'en priver. A dix ans tu t'inscris sur Facebook, t'as trop la classe avec ton Ipod, ton Ipad, ton Iphone, ton I-mec et tes I-clopes; à douze tu connais mieux le web que ta table de quatre et à quinze... A quinze, t'as plus d'envie, plus de vie, la dernière fois que t'as joué à un jeu de société c'était sur l'écran bien calibré de ton nouveau smartphone; t'as oublié quelle sensation ça fait de s'allonger dans l'herbe et juste profiter du soleil; un livre, vous dites ? Connais pas.
Ton esprit fragmenté, défiguré par le zapping permanent, est incapable de se concentrer plus d'une seconde. Les yeux rivés sur ton portable, la main sur une souris qui t'assure la connexion permanente avec tout le monde, et surtout personne, grâce au Dieu Facebook, qui voit tout, sait tout et n'oublie jamais rien, tu payes ton forfait "Nouvelles technologies" avec tes neurones.
Mais quelle importance, maintenant qu'on sait en fabriquer artificiellement ?
Et puis, merde, c'est vieux jeu et pas marrant de critiquer la nouvelle génération, qu'on laisse un peu tranquille ces pauvres gamins qui auront oublié (car même pas connu) l'époque lointaine où on jouait au Poker avec des cartes dans nos mains, et pas nos doigts sur des écrans, l'époque où, enfants, on s'intéressait plus à la nature qu'aux nouvelles technologies. L'époque où on faisait autre chose de plus intéressant que passer sa vie sur Internet.
C'est pas leur faute, c'est celle de leurs parents qui ont cédé. Ou de la pression sociale.
C'est la génération qui a le réflexe de penser à sauvegarder avant de faire un choix.
La génération CTRL Z.
Merde, j'en fais presque partie.